« 100 Ans – 100 Vies » | TUNISIE - “Le marché couvert a permis aux commerçants de travailler dans des conditions décentes”

Un projet pilote de l’OIT a permis de construire un marché couvert pour améliorer les conditions de travail des commerçants de Sidi Bouzid, ville-symbole de la révolution tunisienne.

Reportage | Tunisie | 3 septembre 2019
SIDI BOUZID – Le gouvernorat de Sidi Bouzid, à 250 kilomètres au sud de Tunis, est une région à activité majoritairement agricole avec un taux de chômage élevé, notamment parmi les jeunes diplômés
C’est aussi dans la ville de Sidi Bouzid qu’est née la révolution tunisienne en 2011 avec des revendications des jeunes centrées sur la liberté, la dignité et l’accès à l’emploi.

Favoriser l’emploi local

C’est dans cette ville symbole que l’OIT a choisi d’implanter un projet pilote qui a consisté à la création d’un marché couvert au centre-ville, construit sur le principe de l’approche HIMO, une méthode d’exécution de travaux favorisant l’utilisation des ressources locales, le renforcement des capacités pour créer des emplois et une dynamique intégrée de développement local.

Cette réalisation est particulièrement symbolique puisqu’elle a permis aux commerçants, y compris à certains vendeurs ambulants, de pouvoir travailler dans des conditions décentes, aussi bien au quotidien que lors du souk hebdomadaire.

En effet, jusqu’ici, faute d’espace aménagé, les commerçants s’installaient de manière désordonnée dans les rues étroites du centre-ville, sans possibilité d’exposer convenablement leurs produits. Cela créait une situation chaotique, surtout en cas de pluie, et conflictuelle avec la mairie, par le blocage des rues.

« Le projet de l’OIT a permis aux marchands de disposer de locaux adaptés leur donnant la possibilité de mettre en valeur leurs produits dans un édifice respectant le style de construction traditionnel de la région et valorisant l’utilisation des matériaux locaux », explique l’un des responsables du Programme d’appui au développement des zones défavorisées (AZD) de l’OIT.

Ce programme a apporté un soutien à la création d’emplois, au développement économique local et en matière de réinsertion professionnelle en complétant les dispositifs de l’Etat tunisien dans les gouvernorats de Gafsa, Siliana, Le Kef, Sidi Bouzid et Kasserine.

D’un chantier à l’autre

Le projet avait aussi pour particularité de s’appuyer sur les petits entrepreneurs locaux. Quarante ouvriers étaient ainsi présents en permanence sur le chantier, tous employés d’entrepreneurs de la région. La majeure partie des matériaux utilisés provenait également de carrières locales (moellons, dalles et pavés de roche).

Daly Karim est un jeune entrepreneur de bâtiment âgé de 31 ans. Après avoir obtenu son diplôme en génie civil, il est resté longtemps sans travail, mais le chantier du marché a constitué pour lui son premier contrat.

« Sur ce chantier, j’ai acquis une expérience que je vais pouvoir exploiter ailleurs. Depuis, j’ai décroché de nouveaux contrats et j’ai pu employer jusqu’à 12 personnes sur le chantier du marché », se souvient-il.

Son enthousiasme est partagé par Rachid Omri, un autre entrepreneur de Sidi Bouzid qui, après avoir terminé les travaux sur le lot qui lui avait été attribué, a gagné le contrat de la construction d’une Maison des jeunes en appliquant la même méthodologie que pour le marché central, c’est-à-dire un style de construction régional et l’utilisation de pierres en provenance des carrières de la région.

Sélectionnez un pays ou un thème