Lutter contre l’informalité et ses conséquences

Au cours de ces dernières décennies, le Maroc est parvenu à augmenter significativement le taux de formalisation, passant de 33% en 2000 à 45% en 2019. Bien que cette amélioration soit notable, ces chiffres démontrent que plus de la moitié des travailleurs opèrent encore dans l’informel.
Cette informalité n’a pas comme unique impact de limiter les recettes publiques. Pour ces travailleurs, cela signifie ne pas bénéficier de couverture sociale et médicale, de plan de retraite et de contrats réguliers. Cela est synonyme d’une situation précaire de laquelle il est difficile de s’extraire.
Assurer une croissance inclusive, qui reste l’un des objectifs phares du Nouveau Modèle de Développement du Maroc, ne peut être fait qu’en incluant les groupes vulnérables et notamment les jeunes et les femmes. Il s’agit d’une condition sine qua non pour un développement durable, dans lequel chacun trouve sa place et bénéficie des avancées économiques du pays.
Malheureusement, la pandémie n’a fait qu’accroître ces obstacles. Au Maroc, selon le Haut-Commissariat au Plan, 60% des entreprises étaient fermées temporairement ou de façon permanente dès le mois d’avril 2020. 66% des travailleurs étaient en chômage forcé en juin 2020. Le taux de chômage est alors passé de 9% à plus de 12%. Cette évolution aura indéniablement un impact sur l’informalité.
Les travailleurs informels et les groupes vulnérables sont d’ailleurs les premières et principales victimes de la crise. L’Observatoire de l’OIT a estimé que 1,6 milliard des 2 milliards de travailleurs informels dans le monde étaient considérés comme susceptibles de perdre leurs moyens de subsistance en 2020. Globalement, plus de 13 millions de femmes ont perdu leur travail au cours de la crise, et l’emploi des jeunes dans le monde a baissé de 8,7%, contre 3,7% chez les adultes.
Lors de la 109ème session de la Conférence internationale du Travail, tenue cette année et présidée par le Maroc en la personne de Monsieur Omar Zniber, un appel mondial a été lancé. Cet appel à l’action demande aux pays de placer au cœur de leurs politiques de reprise le plein emploi et le travail décent, les besoins des plus vulnérables et des plus touchés par la pandémie, ainsi que le soutien aux entreprises durables, aux emplois et aux revenus.
L’OIT et ses partenaires œuvrent dans ce sens notamment avce la mise en œuvre de projet tel que ProAgro.

ProAgro Maroc : atelier d’échange et de partage des connaissances sur la formalisation dans le secteur agro-industriel au Maroc

L'objectif clé de cet événement en ligne, modéré par M. Gilles Cols, Conseiller Technique Principal du projet ProAgro, et M. Kamal Bennouna, Conseiller de la COMADER, était de réunir les parties prenantes du Maroc autour de la problématique de l’informalité avec un focus sur les filières des produits laitiers, du maraichage et des fruits rouges, afin d'échanger sur les bonnes pratiques et de discuter des mesures d'incitation à la formalisation.
L'atelier a été lancé par une introduction de M. Bennouna et Mme Rania Bikhazi, Directrice du Bureau de l'OIT pour l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Mme Bikhazi a souligné l'importance d'une croissance inclusive incluant les catégories défavorisées, notamment les femmes, les jeunes et les communautés rurales, et a mis l’accent sur les efforts déployés par le Maroc pour l’amélioration du taux de formalisation.


Les participants ont ainsi discuté des moyens à mettre conjointement en œuvre pour apporter des actions concrètes à la question de la formalisation, l’employabilité des jeunes entrepreneurs et petites entreprises dans le secteur agricole, la promotion de l’entrepreneuriat dans le monde rural et la création d’emplois décents dans le secteur agricole et agro-industriel au Maroc.

L’atelier a aussi donné l’occasion de revenir sur les recommandations de l’OIT concernant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle et la promotion de l’emploi décent à travers la formalisation dans le secteur agricole et agro-industriel.
Dans ce contexte l’accent a été mis également sur les métiers prioritaires à accompagner vers la formalisation et l’identification des régimes fiscaux pertinents pour les métiers visés. Et plus particulièrement les actions concrètes visant à accompagner les acteurs du secteur agro-industriel vers la formalisation et ainsi contribuer à l’amélioration de leurs conditions de travail.
Au-delà des experts de l’OIT et de la COMADER, cette rencontre virtuelle a vu également la participation de plusieurs acteurs concernés par la thématique de la formalisation, notamment l’ANAPEC, MarocPME, l’ONCA, le Département de l’Agriculture, le Ministère du Travail et de l’Insertion Professionnelle, le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie Verte et du Numérique, l’Agence de Développement Agricole, la Fédération Nationale du Secteur Agricole et les interprofessions FIFEL, INTERPROBERRIES MAROC et MAROC LAIT. Les participants se sont félicités de la qualité des débats et de l’optimisme qui en ressort. Ils ont également vivement remercié l’OIT et la COMADER pour cette initiative qui a redonné aux opérateurs pleine confiance et soutien en matière de formalisation de l’économie informelle, d’amélioration des conditions de travail et d’accélération de croissance durable et inclusive du secteur agricole.

La presse en parle : 
https://www.ecoactu.ma/agro-industrie-oit-comader/