Inégalité des revenus

La négociation collective essentielle pour venir à bout des inégalités de revenus au niveau mondial

Une rencontre internationale de travailleurs organisée par le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) de l’OIT s’est achevée le 13 décembre à Genève par un appel à renforcer les droits des travailleurs pour réduire les inégalités croissantes.

Communiqué de presse | 17 décembre 2013
GENÈVE – Les dirigeants syndicaux et les experts présents au colloque organisé par ACTRAV sur l' Inégalité des revenus, institutions du marché du travail et pouvoir des travailleurs se sont penchés sur les racines de la montée des inégalités dans le monde et sur les stratégies pour en venir à bout.

Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a rappelé aux participants que la crise financière de 2008 était née des inégalités qui, de même que le chômage, sont au niveau mondial, en constante augmentation. «Nous avons simplement vu se poursuivre la montée des inégalités et du chômage dans le monde. En dépit d’un certain nombre de cas de reprise, le chômage mondial continue d’augmenter (…). L’idée que les inégalités sont un problème de plus en plus fortement et largement  ressenti, et qu’elles représentent un dysfonctionnement de l’économie; suscite une adhésion de plus en plus large. La croissance économique rapide ne se retrouve pas dans le niveau de vie; et bon nombre d’inégalités prennent leurs racines dans le monde du travail».

Pour en finir avec cette situation, Guy Ryder a exhorté à conjuguer les efforts pour œuvrer ensemble, avant toute chose , à protéger et à étendre la négociation collective. «Il s’agit de l’instrument que le mouvement syndical a utilisé pour parvenir à la justice sociale et à la redistribution des revenus. L’OIT est en position de force dans cette bataille pour la négociation collective et ce colloque de l’ACTRAV apportera sans nul doute sa pierre à l’édifice.»

Luc Cortebeeck, président du groupe des travailleurs au Conseil d’administration de l'OIT, a appuyé les propos du Directeur général en déclarant que «réduire les inégalités exige des emplois de qualité. L’application universelle de normes du travail, la formalisation de l’économie informelle, l’élimination de l’emploi précaire et l’élargissement de la négociation collective centralisée sont des éléments essentiels pour porter un coup d’arrêt au nivellement par le bas».

Il a rappelé aux participants que les travailleurs ont absolument besoin de la négociation collective et du droit de grève pour rééquilibrer des relations de travail inéquitables.
«Sans négociation collective englobant tous les aspects, il est impossible de faire naître une large classe moyenne et des sociétés démocratiques. (…) Nous avons discuté de la façon dont un élargissement du champ d’application et des systèmes centralisés de négociation collective réduit les inégalités de salaires et les discriminations. Nous avons donc besoin d’une forte mobilisation de l’OIT pour parer aux attaques menées contre la négociation collective et souligner le rôle joué par les institutions du marché du travail, en particulier les systèmes de négociation collective, dans la réduction des inégalités de revenus.»

Un rapport* présenté à la réunion a invité le mouvement syndical mondial à traduire les aspirations de la population à plus d’égalité en pressions politiques réelles par la création d’une alliance entre les personnes à revenus moyens et les 40 pour cent de celles ayant de faibles revenus contre le groupe des 10 pour cent affichant les plus hauts revenus, qui a vu sa part de revenu augmenter dans pratiquement toutes les sociétés.

 
Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI)

«Nous savons que l’OIT montre l’effondrement de la négociation collective en termes réels, ce qui est un problème majeur pour les syndicats. Mais, parallèlement, si nous ne fixons pas un seuil minimum en vertu de ces conventions collectives, si nous ne veillons pas à ce que tous les travailleurs disposent d’une protection sociale et de salaires minima universels leur permettant de vivre - des rémunérations qui leur assurent le minimum vital -, alors nous ne consacrons pas une juste part de la richesse mondiale aux travailleurs; nous ne relevons pas le défi du plein emploi et des questions relatives aux droits fondamentaux des travailleurs de pouvoir s’exprimer sur ces questions et de s’organiser collectivement entre eux, tant sur leurs lieux de travail que dans leurs démocraties».

Takaaki Sakurada, Conseiller pour les affaires internationales, Confédération japonaise des syndicats (JTUC-Rengo)

«Toutes les parties prenantes devraient soutenir la croissance économique durable en passant de l’idée que la prospérité des plus riches finit par se propager aux couches les plus modestes, à une approche partant de la base, dans le cadre d’une politique nationale portée par une solide demande intérieure. Les résultats issus des négociations ou de la négociation collective devraient autant que faire se peut, s’étendre aux travailleurs occasionnels, en les encourageant ensuite à se syndiquer eux-mêmes».

Xu LU, Chef de division adjoint de la Fédération panchinoise des syndicats (ACFTU)

«Les syndicats chinois pensent qu’un principe rationnel de répartition des revenus devrait trouver un juste équilibre entre efficacité et équité, tant en termes de répartition primaire que de circuits de redistribution; l’accent devant être plus mis sur l’équité au cours de la redistribution. (…) Contrairement à l’expérience internationale, les syndicats chinois passent progressivement à l’heure actuelle de la négociation au niveau de l’entreprise à la négociation collective des salaires aux niveaux sectoriel et régional. Selon les syndicats chinois, les efforts doivent porter sur la poursuite des négociations collectives sur les salaires en s’appuyant sur une implication totale dans la mise en place de lois et règlements nationaux et d’approches innovantes visant à augmenter le niveau de revenu des travailleurs.»

*Le Défi des Inégalités: des Changements s'imposent

Pour plus d’informations, veuillez contacter:

Mamadou Kaba Souare, responsable de la Communication,
Bureau des activités pour les travailleurs (BIT-ACTRAV) – Genève, +41 22 799 74 08, souare@ilo.org