Interview

Hommage au syndicaliste Basile Mahan Gahé, défenseur du tripartisme

Le Secrétaire général de la Confédération syndicale «Dignité» Côte d’Ivoire, Basile Mahan Gahé est décédé le lundi 16 septembre 2013 à Abidjan. Remis en liberté provisoire après plusieurs mois de détention en décembre 2012, M. Gahé était à Genève lors de la 102ème session de la Conférence Internationale du Travail de juin 2013, pour remercier l’OIT et le mouvement syndical international qui ont lutté pour exiger sa libération. En hommage à ce syndicaliste africain qui vient de disparaître, voici la dernière interview qu’il avait accordée à ACTRAV INFO, en marge de son séjour à Genève.

Actualité | 17 septembre 2013
ACTRAV INFO : Vous avez été libéré récemment après plusieurs mois de détention. Quelle est votre situation actuelle?

Basile Mahan Gahé : J’ai été libéré après 22 mois de détention. J’ai bénéficié d’un non lieu et je suis présentement à la maison. Je croyais que ce non lieu allait me permettre de bénéficier de tous mes droits sans inquiétude, mais ce n’est pas le cas. Durant ma détention, j’ai été bastonné, ma maison a été brûlée. Je croyais que l’Etat allait m’indemniser après ce non lieu. Je mène actuellement des démarches auprès de la justice pour accéder à mon compte bancaire et exercer mes fonctions de syndicaliste.

ACTRAV INFO : En novembre 2012, en marge du Conseil d’administration du BIT, le Groupe Travailleur du Conseil vous a exprimé sa solidarité suite à votre détention. Quel message adressez-vous à vos camarades travailleurs en particulier au BIT?

L’OIT est la seule organisation tripartite au monde, je dois remercier le BIT qui m’a exprimé sa solidarité. Sans cet appel du Groupe Travailleur du Conseil d’administration, je suis certain que je serai encore en prison. Je remercie également le Directeur général Guy Ryder, le porte-parole du Groupe travailleur, Luc Cortebeeck ainsi que le président du Conseil d’administration qui se sont tous impliqués pour soutenir ma libération. Je remercie aussi tous mes camarades travailleurs du Conseil d’administration.

La solidarité internationale exprimée par les travailleurs m’a sauvé de la prison où j’étais enfermé. Je suis donc fier d’être syndicaliste à cause de cette solidarité et parce que l’OIT est une organisation tripartite qui défend l’égalité entre les mandants (gouvernements, employeurs et travailleurs).Le BIT ne défend aucun gouvernement, aucun patronat, aucun syndicat mais ce sont les droits de l’Homme qu’il défend.

Je profite de cette occasion pour inviter le Groupe Travailleur à défendre le tripartisme au sein de cette Organisation.

ACTRAV INFO : Après votre libération, avez vous l’intention de reprendre vos activités syndicales dans votre pays?

J’ai l’intention de reprendre mes activités syndicales au sein de Dignité-Côte d’Ivoire. Dans notre syndicat, nous avons des cadres bien formés et nous allons préparer prochainement un congrès pour me permettre de passer le relais. Je suis le fondateur de ce syndicat, mais je dois passer la main et je les remercie également.