Sécurité et Santé au Travail: Entretien avec M. Oumarou Diallo, de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM)

Suite à l’Atelier sous-régional d’évaluation et de consolidation des programmes de formation en sécurité et santé au travail des organisations de travailleurs des pays d’Afrique francophone qui s’est tenu à Libreville en décembre 2011,M.Oumarou Diallo du Comité Exécutif National de la CSTM ; explique dans cet entretien, les enjeux liés à la sécurité et de la santé au travail pour les travailleurs au Mali.

Communiqué de presse | 6 février 2012

ACTRAV INFO : Vous avez participé récemment à Libreville, à un atelier organisé par le BIT sur la sécurité et santé au travail. Avez-vous obtenu des résultats à l’intention de vos camarades travailleurs du Mali ?

Oumarou Diallo : Les recommandations concernant le Mali lors de cet atelier sous régional de Libreville sont de trois types. D’abord, il s’agit de la mise en place d’une intersyndicale pour unir les efforts de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali(CSTM) et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM).Ensuite, il y a la création au sein des centrales syndicales, d’un département chargé des statistiques pour enregistrer par exemple le nombre d’accidents qui concernent les travailleurs dans le pays. Enfin, il y a la réalisation d’une activité commune UNTM-CSTM, à l’occasion des activités de l’Inter Africaine de la Prévention des Risques Professionnels (IAPRP) en 2012 ; ceci, pour favoriser la synergie d’action entre l’UNTM et la CSTM. Depuis notre retour de Libreville, nous avons initié au sein de la CSTM, une lettre que nous avons adressée à l’UNTM pour demander qu’on aille dans le sens des recommandations formulées par le BIT. Nous sommes dans l’attente de leur réaction.

Dans le cadre de la mise en place d’une intersyndicale dans votre pays avec l’appui du BIT, où en êtes-vous sur cette recommandation ?

Oumarou Diallo : Je voudrais d’abord remercier le BIT pour avoir organiser cet atelier. Il est clair que cette synergie d’action tant souhaitée par le BIT est incontournable pour la gestion de la sécurité et santé au travail (SST) au Mali. Il y a des progrès qui sont accomplis allant dans le sens d’une coopération entre les deux grandes centrales syndicales du Mali. L’UNTM et la CSTM se retrouvent aujourd’hui à travers des activités organisées à la fois par le BIT et la caisse nationale de sécurité sociale du Mali. Il reste maintenant une décision politique pour mettre ces deux centrales syndicales ensemble pour avoir les effets escomptés par le BIT dans notre pays. Aujourd’hui, il faut dire qu’il n’y a pas de frontières par rapport aux risques professionnels, qui ne dépendent nullement de l’affiliation à telle ou telle centrale syndicale. Tout le monde est concerné et la gestion des risques professionnels est une activité qui incombe aux deux centrales syndicales du pays.

Selon vous, quels sont les risques professionnels auxquels sont confrontés les travailleurs au Mali ?

Oumarou Diallo : Actuellement les tendances au Mali, c’est qu’il y a plus d’accidents liés à la circulation routière que d’accidents au sein des entreprises. Les statistiques sont assez éloquentes en la matière parce qu’aujourd’hui, les travailleurs conduisent beaucoup les engins à deux roues et le respect du code de la route n’est pas effectif. Par ailleurs, la plupart des accidents de travail au Mali sont enregistrés dans le secteur des mines .Le Mali regorge d’importantes mines aurifères et les accidents sont fréquents dans les mines.

Avez-vous des projets de sensibilisation à l’intention des travailleurs pour réduire les risques d’accidents ?

Oumarou Diallo : Oui, il y a des projets au niveau des organisations syndicales pour sensibiliser les travailleurs. J’ai travaillé au niveau de la caisse nationale de la sécurité sociale du Mali et, par expérience, je sais que les rapports de visite effectués au sein des entreprises sont adressés à toutes les organisations syndicales pour leur signifier l’existence de beaucoup d’accidents au sein des entreprises qui sont affiliées à ces centrales syndicales. Ensuite, à l’occasion des activités de l’Inter Africaine de la Prévention des Risques Professionnels qui s’organise une fois par an, l’UNTM et la CSTM participent à des thèmes liés à la santé et la sécurité au travail. Ainsi, il y a une synergie d’action entre la caisse nationale de sécurité sociale du Mali, la CSTM et l’UNTM pour sensibiliser davantage les travailleurs sur la SST.

D’une manière générale, est ce qu’il y a des progrès au Mali dans le cadre de la promotion et de la ratification des instruments de l’OIT relatifs à la SST notamment les conventions 155 et 187 et les recommandations 164 et 197 ?

Oumarou Diallo : Par rapport à la Convention 155, il y a déjà une politique nationale de la SST pour faciliter la ratification de cette convention. Mais il y a encore des blocages entre les ministères et les initiateurs à la base de cette politique. Pratiquement, c’est le seul acte officiel qui a été effectué dans le cadre de la ratification des instruments de l’OIT relatifs à la SST.

Au niveau de la CSTM, quelles sont vos recommandations pour faciliter la promotion et la ratification de ces instruments de l’OIT pour la SST dans votre pays?

Oumarou Diallo : Nous estimons qu’il est nécessaire de repérer les points de blocage par rapport à la politique nationale de santé et sécurité au travail élaborée par les techniciens en la matière. Actuellement, dans mes démarches et consultations auprès de certains médecins du travail, j’ai constaté que le dossier se trouve encore aux mains des techniciens et nous devons le faire parvenir auprès du ministère du travail pour la suite de la procédure, en vue de la ratification de la Convention 155.