Interview: Avec Adjia François Djondang, de l’Union des Syndicats du Tchad

Secrétaire général de l'Union des syndicats du Tchad et Membre du Groupe Travailleur du Conseil d'Administration du BIT, Mr Adjia François Djondang, explique dans cet entretien, la situation des travailleurs au Tchad...

Communiqué de presse | 25 novembre 2011

ACTRAV INFO : Après une série de grèves au Tchad, les salaires ont été augmentés dans votre pays. Est ce que c’est une mesure suffisante pour vos camarades travailleurs ?

Adjia François Djondang : A priori non ! Cette mesure du gouvernement intervient après plusieurs années de revendications exprimées par les syndicats tchadiens qui ont toujours demandé une revalorisation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). De 25.480 francs CFA, le SMIG a été rehaussé à 60.000 francs CFA. Nous avons exigé que cette revalorisation du SMIG soit appliquée à toutes les couches socioprofessionnelles. Sous la pression de la grève, le gouvernement a accepté de signer un décret sur le SMIG que nous avons accepté, pour décrisper la situation sociale au Tchad.

Le Tchad est membre de l’OIT depuis son indépendance en 1960.Peut on savoir l’état d’application des normes internationales du travail en particulier la liberté syndicale et le droit à la négociation collective dans votre pays ?

Adjia François Djondang : Au niveau des conventions fondamentales des droits des travailleurs, nous remarquons qu’il y a des difficultés dans l’application de ces normes. Nous avons l’intrusion du politique dans les affaires syndicales. Les clauses des conventions 87 et 98 ne sont pas respectées dans leur intégralité. Le dialogue social dans sa globalité n’est pas facile au Tchad. Nous avons mis en place un comité national de dialogue social qui est tripartite et qui sera bientôt opérationnel.

Au niveau des travailleurs du Tchad, quelles sont vos attentes vis-à-vis du BIT ?

Adjia François Djondang : Nous avons déjà reçu le soutien du Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV-BIT) dans le cadre du respect des délégations tripartites qui doivent participer aux réunions du BIT au niveau régional et sous régional .Récemment, nous avons saisi le Comité de liberté syndicale suite à l’adoption d’une loi sur les grèves dans les secteurs publics, contrairement aux dispositions de la Convention 87 de l’OIT. Nous attendons encore le verdict du comité sur cette loi Dans le cadre du Programme par pays pour le travail décent, je dois avouer que le Tchad et l’Afrique centrale, d’une manière générale n’ont pas encore des progrès visibles dans ce sens. Mais des efforts sont entrain d’être menés au Tchad, avec l’Union des syndicats du Tchad pour que notre pays puisse bénéficier de ces PPTD qui vont certainement améliorer la situation de nos camarades travailleurs.