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L'OIT lance un nouveau manuel sur l'amélioration de la productivité destiné aux syndicats

Le manuel d’éducation ouvrière sur “L’amélioration de la productivité et le rôle des syndicats » a été publié le mardi 17 novembre, à l’occasion du séminaire régional organisé par le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) et la Confédération japonaise des syndicats (JTUC-RENGO), sous l’égide de la Fédération des syndicats du Botswana (BFTU) à Gaborone, Botswana. Dans cet entretien, le référent d’ACTRAV pour les questions relatives à l’emploi, Mohammed Mwamadzingo, s’exprime sur les divers aspects de la productivité dans le monde du travail, et particulièrement le mouvement syndical.

Actualité | 17 novembre 2015
M. Mohammed Mwamadzingo
ACTRAV INFO : ACTRAV vient de publier un manuel d’éducation ouvrière sur « L’amélioration de la productivité et le rôle des syndicats ». Pourquoi avez-vous décidé de publier un manuel sur la productivité ?

Mohammed Mwamadzingo :
L’OIT contribue de manière décisive à sensibiliser les travailleurs aux avantages que procure toute amélioration de la productivité. Depuis 1997, ACTRAV collabore très étroitement avec la confédération JTUC-RENGO pour organiser de nombreux programmes de formation régionaux en Afrique. Des ateliers réunissent des responsables syndicaux de nombreux pays africains pour débattre de cette ligne de conduite et examiner les avantages potentiels que les travailleurs peuvent retirer d’un programme d’amélioration de la productivité. Ces ateliers ont également mis à profit l’expérience du Japon qui a adopté cette stratégie. Ils émettent toujours des recommandations fermes, enjoignant les syndicats à mettre en œuvre des programmes similaires au niveau national.

Depuis 2012, ces ateliers se sont plus particulièrement attachés à mettre au point un manuel d’éducation ouvrière, établi sur la base des expériences acquises dans le cadre des échanges entre les syndicats africains et la JTUC/RENGO. Nous espérons que ce manuel va faciliter les échanges de vues entre les syndicalistes sur la contribution de l’organisation des travailleurs à l’amélioration de la productivité et sur les incidences qu’elle génère sur les normes internationales du travail, la création d’emplois, l’amélioration des salaires et l’amélioration de la négociation collective.

ACTRAV INFO : Quels sont les principaux enseignements qui se dégagent de ce manuel ?


Le principal enseignement est que la productivité est bel et bien une question qui relève des syndicats. Les syndicats sont toujours soucieux d’appuyer les programmes visant à stimuler la productivité. Cette préoccupation tient au fait que l’amélioration de la productivité est bénéfique pour tous et que les travailleurs réclament leur part des gains de productivité. Si les travailleurs veulent voir leur salaire augmenter, ils doivent soutenir les programmes d’amélioration de la productivité et, de la même manière, si les chefs d’entreprise veulent disposer d’une main-d’œuvre motivée, ils doivent être prêts à redistribuer les gains de productivité de manière équitable.

ACTRAV INFO : Quel peut être le rôle les syndicats face aux enjeux que représente l’amélioration de la productivité au niveau de l’entreprise et au niveau mondial ?

Les syndicats doivent poursuivre leur réflexion et mettre au point des programmes ciblés de sensibilisation à l’amélioration de la productivité, et ce à tous les niveaux : l’entreprise, le secteur, le pays, la région. Si les programmes régionaux peuvent faciliter les échanges de vues sur le sujet, les programmes mis en œuvre aux niveaux de l’entreprise et du pays ont l’avantage de contribuer à créer l’environnement propice à l’instauration d’un climat de confiance entre le patronat et les travailleurs.

ACTRAV INFO : Dans la perspective de l’OIT, quelles sont vos attentes vis-à-vis des organisations syndicales ?

Le concept de productivité figure en bonne place dans le mandat de l’OIT. Le principe directeur historique énoncé par la Déclaration de Philadelphie, adoptée en 1944, dans la phrase constamment citée « Le travail n’est pas une marchandise », implique que le travail est la principale force productive de la société qui assure la croissance économique et que l’amélioration de la croissance passe nécessairement par l’amélioration de la force productive de la main-d’œuvre. En effet, nous pouvons répertorier de nombreux instruments de l’OIT qui préconisent l’amélioration de la productivité. Les tout derniers travaux de l’OIT sur la productivité sont inscrits dans le programme et budget pour 2014-15 qui comporte les huit domaines de première importance tendant à accorder davantage d’attention aux questions prégnantes du monde du travail et à adopter davantage de mesures concertées à cet égard.
Nous espérons que les syndicats feront valoir tous les aspects de l’amélioration de la productivité, au sens où l’entend l’OIT. Nous escomptons notamment que les travailleurs auront recours aux normes internationales du travail pour promouvoir l’amélioration de la productivité, compte tenu du fait qu’il n’est pas possible d’atteindre et de maintenir une forte productivité à long terme si les normes du travail s’avèrent insuffisantes.