Interview de Dan Cunniah, Directeur d'ACTRAV

Après la prise de fonctions du Directeur Général de l'OIT, Guy Ryder, quels sont les défis pour le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV)? Explications avec Dan Cunniah, Directeur d'ACTRAV...

Communiqué de presse | Geneva, Switzerland | 15 octobre 2012

ACTRAV INFO : Le nouveau Directeur Général, Guy Ryder a pris ses fonctions le 1er Octobre ; il a annoncé plusieurs reformes notamment le renforcement des relations entre l’Organisation et les mandants. Parmi ces réformes, il y a le rattachement entre autres, du département d’ACTRAV sous l’autorité directe du Directeur Général. Avec cette nouvelle orientation, quel sera le rôle d’ACTRAV ?

Quand on regarde l’histoire de l’Organisation Internationale du Travail, au moment de la création de cette Organisation, les membres fondateurs avaient inscrit le tripartisme comme valeur universelle de cette Organisation. Les membres fondateurs voulaient faire en sorte que le tripartisme ne soit pas uniquement appliqué lors de la Conférence de l’OIT ou encore lors des sessions du Conseil d’administration ; ils voulaient également que ce tripartisme soit permanent au niveau du Bureau International du Travail (BIT), qui assure le secrétariat de l’Organisation *. A l’époque, il y a eu donc la création de deux départements appelés « bureaux « pour les distinguer des autres départements, à savoir : le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) et le Bureau des Activités pour les Employeurs (ACTEMP). Ces deux bureaux ont des rôles précis et spécifiques vis-à-vis des mandants de l’OIT, mais aussi à l’intérieur du BIT. Pour ce qui est d’ACTRAV, son rôle c’est d’être le pont entre le BIT et les Organisations syndicales. Nous travaillons étroitement avec le Président et le Secrétaire du Groupe Travailleur du Conseil d’administration et l’ensemble des membres du Groupe.

ACTRAV reflète à l’intérieur du BIT, les points de vue de l’ensemble des travailleurs et du mouvement syndical mondial
; il s’agit d’une relation constante avec les organisations syndicales internationales, les fédérations sectorielles internationales, les organisations syndicales régionales et les centrales syndicales au niveau national. C’est vrai qu’il est difficile pour ACTRAV d’être en liaison directe avec l’ensemble des syndicats pris individuellement, mais nous travaillons étroitement avec toutes ces organisations syndicales au niveau international, régional et national.

Le rattachement du département d’ACTRAV sous l’autorité directe du Directeur général actuel, s’inscrit dans le cadre d’une perspective pour qu’ACTRAV soit une « intelligence unit » pour conseiller et informer le Directeur Général sur les questions relatives aux intérêts des travailleurs et des syndicats. La mission d’ACTRAV entre autres, c’est de faire en sorte que le Directeur général soit mieux informé des aspirations et problèmes rencontrés par les travailleurs dans chaque pays, au niveau régional et mondial. ACTRAV va donc fournir des informations mises à jour sur la situation du mouvement syndical dans le monde, pour permettre au D.G de prendre les dispositions nécessaires afin de répondre comme il le souhaite aux aspirations des travailleurs, qui sont des mandants de l’OIT.

ACTRAV INFO: Parmi ses priorités, le DG a insisté sur l’efficacité de la communication interne. Comment comptez-vous relever ce défi au niveau d’ACTRAV pour répondre aux attentes des travailleurs et organisations syndicales?

Aujourd’hui, l’information a acquis une importance extrême. Sans l’information, on ne peut pas agir efficacement. Le nouveau Directeur général est conscient de l’importance de l’information et de la communication. Avec les consultations qui ont précédé sa prise de fonctions avec l’équipe de transition, le Directeur général a eu des échos à tous les niveaux, avec les membres du personnel. Il a remarqué un intérêt et un enthousiasme de la part du personnel pour contribuer activement à la réalisation des objectifs de l’Organisation. Il a donc insisté sur la nécessité d’instaurer une communication à la fois verticale et horizontale au niveau personnel. Cette communication vise donc à renforcer la synergie entre le personnel pour atteindre les buts de notre Organisation.

ACTRAV possède un réseau à travers nos spécialistes qui sont sur le terrain. Nous allons renforcer la collecte d’informations sur le terrain vers le siège et faciliter également une meilleure communication entre le siège et le terrain y compris avec nos collègues qui sont basés au centre de formation de Turin qui sont spécialisés en éducation ouvrière. Dans l’ensemble, nos collègues sur le terrain sont en contact direct avec les mandants travailleurs et les organisations syndicales au niveau national et régional. Ce réseau va nous permettre d’informer le Directeur Général sur les activités et évènements qui concernent le mouvement syndical dans son ensemble.

ACTRAV INFO : Pour terminer, quel message adressez –vous aux travailleurs et organisations syndicales qui ont des attentes vis-à-vis de l’OIT ?

Avec les conséquences de la crise mondiale actuelle, il y a des gros défis auxquels les syndicats sont confrontés. Mais je pense que c’est dans ces moments difficiles, que les syndicats peuvent se mobiliser davantage, se renforcer dans tous les domaines pour faire face à cette crise. Le BIT dans son ensemble, est à leur disposition, comme l’a souligné le Directeur Général , pour les aider à faire face à ces défis et trouver des solutions.

D’ores et déjà, le dialogue social se révèle comme un moyen approprié pour trouver des solutions dans cette période de crise économique et sociale. ACTRAV va apporter toute sa collaboration avec les autres départements du BIT, pour répondre aux besoins des travailleurs. Personnellement, je demande aux Organisations syndicales de se serrer les coudes, de travailler dans l’unité pour offrir de meilleurs services aux membres travailleurs dans les domaines de la protection sociale, du salaire minimum, d’emploi, l’élimination du travail des enfants, du travail forcé, de la santé et de la sécurité au travail, du respect des droits syndicaux, etc.

La question des normes internationales du travail reste également incontournable ; il faut que les organisations syndicales fassent un suivi auprès des gouvernements, des recommandations qui émanent des organes de contrôle de l’OIT en particulier le comité de la liberté syndicale sur les violations des droits syndicaux.

Des actions au niveau international, régional et national pourraient renforcer le respect des normes internationales du travail et faciliter la ratification et la mise en œuvre des Conventions Internationales de l’OIT.

* Le Bureau international du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT).