Normes internationales du travail

Points de vue des syndicats sur la Convention du travail maritime (MLC 2006)

La Convention du travail maritime, historique, entre en vigueur le 20 août de cette année. A cette occasion, ACTRAV INFO donne la parole aux dirigeants syndicaux. Dans cet article, ils expriment leurs points de vue sur la façon dont cette convention va améliorer les conditions de travail des gens de mer à travers le monde.

Reportage | 19 août 2013
Steve Cotton,
  • Secrétaire général par intérim,
    Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF)
"La MLC revêt une importance incontestable pour les gens de mer. Elle établit pour la première fois une charte des droits des travailleurs de la mer – y compris ceux des bateaux de croisière – et définit le droit à un lieu de travail sûr et sans danger, à des conditions d’emploi équitables, à des conditions de travail et de vie décentes, à l’accès aux soins médicaux, à la protection de la santé et au bien-être. Obtenir cette entrée en vigueur est une victoire acquise de haute lutte. Après quoi, cette même coalition de l’OIT, des syndicats, des organisations maritimes et des gouvernements devra continuer à œuvrer de concert pour compléter et soutenir la convention et s’assurer que le plus grand nombre de pays possible ratifie ce texte législatif  historique."

David Heindel
  • Secrétaire-trésorier,
    Syndicat international des gens de mer d’Amérique du Nord (Etats-unis)
"La convention est extrêmement importante. Nous nous engageons avec d’autres syndicats à déployer tous les efforts requis pour contribuer à la réussite qu’elle mérite. Il s’agira notamment pour nous de chercher à obtenir toujours plus de ratifications. Mon syndicat a ainsi travaillé avec l’US Coast Guard, le ministère du Travail et nos partenaires sociaux (armateurs) pour la présenter et nous espérons voir le Sénat (américain)la ratifier avant la fin de l’année. Nous le devons aux gens de mer de toute la planète et espérons obtenir une ratification rapide et une politique efficace pour la mettre en application – ainsi que sa ratification par beaucoup d’autres nations, qui donnera à la convention la force qu’elle mérite et aux gens de mer où qu’ils soient la protection et la reconnaissance qui leur sont dues."

 Paddy Crumlin
  • Secrétaire national,
    Union maritime d’Australie (MUA)
"La MLC représente un bond en avant considérable dans la campagne syndicale mondiale pour améliorer les droits et les normes du travail des gens de mer et, partant, consolider leurs droits à un lieu de travail sûr et sans danger, à des conditions d’emploi équitables, à des conditions de travail et de vie décentes, à la protection sociale avec un accès aux soins médicaux, à la protection de la santé et au bien-être et, qui plus est, à la liberté syndicale. Pour les nations de la région Asie-Pacifique, dont la plupart des gens de mer sont issus et où l’essentiel du commerce maritime mondial se concentre, la MLC sera à l’origine de nouvelles possibilités d’emplois pour les gens de mer. Elle aidera par ailleurs à la création d’un Registre maritime international australien (AISR). Enfin, elle constitue un élément essentiel du cadre réglementaire du transport maritime mondial conçu pour garantir l’avenir d’une industrie du transport maritime compétitive et de grande qualité."


Dr.Conrado F. Oca
  • Président,
    Syndicat  des officiers de marine et
    des marins associés des Philippines (AMOSUP-PTGWO)

 
"Après l’adoption de la Convention du travail maritime en 2006, il devenait essentiel pour les Etats membres de la région Asie-Pacifique de la ratifier et de garantir son entrée en vigueur immédiate compte tenu des centaines de milliers de gens de mer et de l’importance des activités maritimes de la région Asie-Pacifique. Outre la charte des droits universelle qu’elle offre aux gens de mer, l’entrée en vigueur de la Convention du travail maritime de 2006 crée un environnement plus viable susceptible de favoriser le renforcement des liens et des capacités maritimes qui devrait permettre d’améliorer la qualité du travail maritime dans cette importante région. En respectant strictement des conditions de travail décentes pour les gens de mer, y compris pour les élèves officiers en formation, la MLC permettra de promouvoir une industrie du transport maritime plus socialement responsable dans cette région où l’on trouve bon nombre des ports les plus actifs et des voies de circulation maritimes les plus fréquentées. Nous prévoyons que, grâce à la création de règles du jeu équitables entraînée par la mise en application de la convention de 2006, l’industrie maritime ne répondant pas aux normes dans la région Asie-Pacifique se verra marginalisée par l’amélioration de la qualité des industries maritimes nationales, en particulier dans les domaines de la sûreté et de la sécurité maritimes et de la protection de l’environnement marin."

John Halas
  • Secrétaire général,
    Fédération panhellénique des marins (Grèce)

"Il ne fait pas le moindre doute que l’adoption de la Convention du travail maritime (MLC) représente une avancée positive en réglementant l’industrie du transport maritime mondiale particulièrement non-réglementée. Il convient toutefois de souligner que les normes minima établies par la convention ne sauraient devenir les normes maxima. De plus, dans le cadre de leurs vérifications du respect de la MLC, les agents chargés du contrôle par l’Etat du port devront vérifier si les dispositions sociales de la convention sont pleinement respectées. Il va sans dire que les Etats Membres de l’OIT sont tenus de respecter et d’appliquer pleinement les dispositions de l’article 19 (8) de la Constitution de l’OIT sur les effets des conventions et recommandations sur des dispositions plus favorables en vigueur, qui stipule que: «En aucun cas, l'adoption d'une convention ou d'une recommandation par la Conférence, ou la ratification d'une convention par un Membre ne devront être considérées comme affectant toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord qui assurent des conditions plus favorables aux travailleurs intéressés que celles prévues par la convention ou la recommandation."

 Lucien Harinony Razafindraibe
  • Secrétaire général,
    Syndicat général maritime de Madagascar(SYGMMA)

"Avec l'entrée en vigueur de cette Convention du Travail Maritime de l'OIT, il ressort clairement le rôle distinct de l'employeur et des services de recrutement.Et comme vous le savez, l'Afrique est souvent victime d'exploitations diverses et avec cette Convention, il est illégal pour les services de recrutement de demander de l'argent des marins pour trouver un embarquement, c'est de l'escroquerie et cette Convention constitue un outil de défense pour nos marins souvent victimes de tels agissements."

Bilal Malkawi
  • Représentant de l’ITF pour le monde arabe

"L’entrée en vigueur de la MLC est une victoire pour toutes les parties concernées, notamment pour l’OIT, les syndicats, les organisations de transport maritime et les gouvernements. Elle met véritablement en évidence ce que l’approche tripartite peut accomplir. Elle peut marquer l’avènement d’une nouvelle ère où gens de mer et armateurs peuvent avoir accès à une convention de l’OIT qui réglemente leurs relations, tout en offrant par ailleurs à ce secteur une excellente occasion de s’inscrire dans une perspective d’avenir. Le défi consiste à présent à veiller à ce qu’elle soit soutenue sans réserve et à ce qu’un nombre aussi grand que possible de pays la ratifie. Auquel cas, nous en sommes convaincus, des changements importants pourront être apportés dans la vie des gens de mer du monde arabe et au-delà."